L’artiste et son entreprise, une situation délicate.
Retour en Octobre 2002 . En effet, l’artiste Marie Andrée Cossette, avait décidé de contester le verdict de l’Agence des douanes et du revenu (ADRC) ….
Voir le texte en bas de page, pour la compréhension de cette situation délicate . (RAAV/ Bloc note numéro 87 ) .
Date de publication : 1er novembre 1992.
Par Pascale Bréniel.
Marie-Andrée Cossette parle de la lumière comme d’une vieille amie. Pionnière québécoise de l’holographie, fondatrice de l’Institut holographique et médiatique de Québec, l’artiste recevait, il y a quelques mois, le prix Livernois décerné par la compagnie Kodak pour l’ensemble de son œuvre.
« Lorsqu’on observe les fines particules de poussière qui y voyagent, on a l’impression que la lumière est vivante. Quand on travaille en sa présence, il faut la laisser nous parler. »
Marie-Andrée Cossette enseignait les arts visuels à l’Université Laval et pratiquait la photographie lorsque, à la fin des années 70, un ami physicien lui fait découvrir l’holographie. Cette discipline relativement neuve apparentée à la photographie permet de restituer le relief des objets et des formes grâce à l’utilisation de faisceaux lasers. « Mon collègue se disait que je pourrais faire des applications artistiques à partir d’objets de recherche scientifique, raconte-t-elle. »« Je n’étais pas à la recherche de nouvelles techniques. J’ai simplement poursuivi ma démarche artistique en utilisant un nouvel outil. A l’époque la photographie me satisfaisait encore, mais, déjà, j’essayais de révéler davantage la troisième dimension, les illusions et la transparence. »
S’engager dans une discipline d’avant-garde demande une bonne dose de détermination. En 1983, l’artiste obtient une maîtrise en arts plastiques spécialisée en holographie et en photographie de l’UQAM, une première. Il lui aura fallu, pour cela, faire la navette entre l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal, cette première institution ne disposant pas de tout l’équipement et le savoir-faire nécessaires.
Par la suite, elle sera invitée en résidence au Media Lab du prestigieux Massachusetts Institute of Technology de Cambridge, aux États-Unis, puis au Lund Institute of Technology, en Suède. Des bourses et des prix viendront reconnaître l’intérêt de sa démarche. Des expositions de ses œuvres voyageront aussi, au Québec surtout, mais également au Canada et à l’étranger.
La partie n’était pas gagnée pour autant. Les jurys qui décernent les bourses aux artistes comme ceux qui décident de l’acquisition des œuvres par les musées et les institutions, ont trop souvent une mauvaise connaissance de la discipline. « Leur perception de l’holographie s’est souvent arrêtée à la reproduction du réel, qui constituait les premiers balbutiements de cette technique. Or, certaines réalisations actuelles sont très avancées fait valoir l’artiste. Des holographistes ont dépassé l’étape de la découverte technologique pour élaborer un univers, une imagerie personnelle qui peut communiquer une émotion à un large public au même titre que des peintures, des sculptures ou des photographies. »
Marie-Andrée Cossette a vite constaté que pour pouvoir évoluer et développer une esthétique, il fallait produire de façon continue. « On ne peut constamment aller à l’étranger une fois par année ou par deux ans pour pouvoir créer. C’est essoufflant. Il était urgent d’implanter au Québec un lieu qui permette aux artistes d’avoir accès aux équipements nécessaires. »
L’Institut holographique et médiatique a donc été mis sur pied à Québec il y a deux ans, sans aide financière gouvernementale ou institutionnelle. « Bâtir un laboratoire, raconte-t-elle avec le recul, c’est toute une aventure. On y va à tâtons. La table de granit sur laquelle je fais mes enregistrements pèse deux tonnes. Le matériel n’est disponible qu’aux États-Unis. Un laser que j’avais commandé est arrivé brisé. Il m’a fallu engager un avocat, subir quatre mois de démarches pour finalement retourner en chercher un avec camion et chauffeur. »
La fondatrice compte faire de l’Institut un carrefour international-comme il en existe déjà en Allemagne et en Grande-Bretagne-, un lieu de formation, de recherche et d’échanges.
« L’holographie est une des rares disciplines dans lesquelles des artistes et des techniciens collaborent. Les artistes se sont approprié les techniques mises au point par les scientifiques pour les transformer en outils d’expression. C’est un domaine qui nous permet de faire des découvertes constantes. »
L’ALCHIMISTE DE LA LUMIÈRE
L’holographiste Marie Andrée Cossette expose ses lumineuses photographies en trois dimensions au prestigieux MIT Museum de Cambridge. ( par Renée Larochelle )
Nous sommes en 1976, au moment où la grève des professeurs de l’Université Laval bat son plein. Faisant du « piquetage » avec ses collègues de travail, Marie Andrée Cossette, alors jeune professeure de photographie à l’École des arts visuels – où elle enseigne toujours – est abordée par un ami qui lui offre de visiter le Département de physique de l’Université. C’est là que Marie Andrée Cossette découvre le rayon laser et ses possibilités artistiques. À partir de ce moment, sa carrière prend un tournant différent: s’éloignant peu à peu de la photographie traditionnelle, elle devient la première artiste femme canadienne à expérimenter la photographie en trois dimensions: l’holographie. En 1983, elle est également la première à obtenir une maîtrise en Beaux-Arts, spécialité en holographie et photographie, de l’Université du Québec à Montréal. Littéralement envoûtée par son art, cette alchimiste de la lumière est devenue depuis une sommité en la matière. En témoigne sa participation à une importante exposition présentée jusqu’au 22 février au prestigieux Massachussetts Institute of Technology (MIT), à Cambridge, près de Boston.
Intitulée Unfolfind Lights -The Evolution of Ten Holographers, l’exposition regroupe les oeuvres des dix meilleures holographes du continent; cinq d’entre eux proviennent des États-Unis, trois d’Europe et une du Japon. Seule Canadienne à figurer à cette exposition, Marie Andrée Cossette y présente quatre oeuvres, dont deux ont été créées au début des années1980 (Intimate et Metamorphosis), tandis que les deux autres (Memoire et Hommage à Chagall) l’ont été à la fin de cette même décennie. Selon l’artiste, les pièces exposées illustrent à merveille l’évolution de son travail.
Un halo de mystère
« Au début de mes recherches, je m’appliquais à reproduire fidèlement l’objet en trois dimensions, explique Marie Andrée Cossette. Progressivement, je me suis éloignée de la simple représentation pour me diriger vers une forme d’abstraction. Si les couleurs sont devenues plus subtiles et plus étendues, les sujets, eux, sont devenus plus symboliques. En fait, le déclic s’est produit en 1988, à l’occasion d’un stage au Massachusetts Institute of Technology, avec Stephen Barton: j’ai décidé de laisser tomber la technique et d’être complètement à l’écoute du laser, pour enfin laisser parler mon intuition. »
À cet égard, Le Seigneur des Anneaux constitue un hologramme représentatif de cette période. Avec ses trois cylindres et ses lignes droites baignant dans des couleurs variant du bleu à l’orange – selon l’angle où il est abordé – ce tableau abstrait peint au rayon laser se situe à des années-lumière de l’hologramme classique imitant le réel. Présenté au MIT, l’Hommage à Chagall suggère pour sa part un étrange personnage roulant à bicyclette vers une destination inconnue. Enveloppée d’une lumière surnaturelle, l’oeuvre est véritablement électrisée d’une ligne rouge, dans sa partie inférieure. Tous ces hologrammes prêtent évidemment à interprétation, l’artiste laissant planer un halo de mystère sur son travail, préférant la souplesse de l’imagination à la rigidité du sens. Tout au plus dira-t-elle qu’elle laisse parler la lumière « afin que se révèle la vie »: « Je trouve extraordinaire de travailler au laser, dit-elle. C’est un univers d’énergie incomparable qui me nourrit constamment. »
Les îles de son coeur
Au cours des prochains mois, Marie Andrée Cossette fera la lumière – c’est le cas de le dire – sur des photos prises dans les îles volcaniques de Lanzarote et de El Hierro, dans l’archipel des Canaries, en Espagne, l’an dernier. « J’ai pu y enregistrer d’impressionnants phénomènes géologiques et des vues éblouisssantes, uniques au monde », dit l’artiste, qui fera porter ce projet de création, intitulé « Les îles de mon coeur », sur le thème du paysage onirique. On sait d’ores et déjà que le public pourra voir les résultats de cette réflexion luminescente au Musée canadien de la photographie contemporaine, à Ottawa, du 20 mai au 13 septembre. En attendant, le public peut visiter l’exposition Unfolding Lights qui se tient au MIT, jusqu’au 22 février. Rappelons enfin qu’en 1990, Marie Andrée Cossette a créé l’Institut holographique et médiatique de Québec, où elle enseigne cet art qui la fait toujours vibrer, même après plus de 20 ans de découvertes et de travail acharné.
Victoire d’une artiste,
à la cour canadienne de l’impôt.
À lire dans le Bloc- note numéro 87 du RAAV,
et disponible ci-dessous.
Nous croyons que les fonctionnaires de l’impôt commencent à s’ouvrir à l’idée de traiter les artistes selon les critères définis dans le bulletin d’interprétation. Le débat est à suivre . Jean Bécotte ,avocat
Le ministère du Revenu du Québec a également publié un bulletin d’interprétation baptisé IMP.80-5/R2. tel qu’expliqué dans le (RAAV/ Bloc note numéro 78)
- L’école d’art a son tout nouveau drapeau !
- Bécot chez Maelström Créatif